Le Désespoir Des Singes - Françoise Hardy

Publié le par Aaron Sanzio

Peut-être la meilleure bio lu ces dernières années. Françoise Hardy y raconte tout, son enfance tristounette, les années 60 qui ont fait d'elle une icône ultime, ses rencontres marquantes (Gainsbourg, Drake, Houellebecq) bref, tout quoi. Et parce que Françoise Hardy est une belle personne, cette autobiographie ne pouvait que l'être également, belle. 

 

On pourrait citer Bowie, Dylan, Jagger, mais il serait bien entendu impossible d'évoquer tous les hommes qu'elle a fait rêver. Tout de même, on parle là d'une femme pour qui Dylan menaçait d'annuler son concert à l'Olympia s'il ne rencontrait pas, là, tout de suite, Françoise Hardy. Elle timide, lui déchiré, la rencontre fut tout sauf mémorable pour la jeune femme. La scène est depuis passée à la postérité. On parle également de quelqu'un qui, se rendant au concert de Bowie à Bercy au début de la dernière décennie, se fit accueillir à l'entrée du POPB par le Thin White Duke en personne. Françoise raconte ces anecdotes innocemment, comme un ouvrier raconterait sa journée de travail à sa femme. Puisque c'est la semaine Gainsbourg, notons également que le portrait lu de l'artiste dans le livre est extrêmement touchant. Elle a connu Gainsbourg et parfois Gainsbarre, son double alcoolisé, des collaborations réussies ("Comment Te Dire Adieu" et ses rimes en -ex) et des soirées manquées.

 

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Françoise Hardy, comme Keith Richards d'ailleurs, dans deux styles différents certes, font partie de ces personnes qui se laissent porter par la vie. Les rencontres aboutissent à des enregistrements, rarement l'inverse. Il n'est jamais question ici de plan de carrière. Ce point m'avait marqué dans leurs autobiographies respectives. Françoise, donc : naissance en 44, père absent, adolescence à-la-Morrissey, dans sa chambre à rêver à des jours meilleurs, premier choc musical avec l'avènement du rock & roll. S'ensuit la sortie de "Tous Les Garçons Et Les Filles" et sa vie bascule. Elle est associée au raz-de-marée Yéyé, terme fourre-tout dont on ne s'explique toujours pas comment elle a pu y être associée, elle qui composait des chansons d'une tristesse inouie. Arrive ensuite Jean-Marie Périer, qu'elle quitte pour Jacques Dutronc, avec qui elle a un enfant, Thomas. Les succès s'enchaînent, par intermittence. A côté de ça, elle ne cache rien de ses blessures, cette mère avec qui elle se brouillera pendant longtemps, cette soeur devenue folle. On croise à l'occasion Nick Drake, Matthieu Chédid, ami du jeune Thomas, Michel Houellebecq, autre grand timide devant l'éternel, Etienne Daho, idem. Et tant d'autres. Tout ceci est décrit avec beaucoup de finesse, d'affection pour les personnes rencontrées.

 

A-t-elle simplement été heureuse, pendant ces années? Jamais complètement. C'est là tout l'intérêt du personnage.

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