Le Mur De Son - Phil Spector

Publié le par Aaron Sanzio

Phil Spector a produit quelques-uns des plus grands chefs d'oeuvre de la musique de ces cinquante dernières années. Phil Spector est un grand taré. "Imagine" de Lennon, les Ronettes, "End Of The Century" des Ramones, "Born To Be With You" de Dion, c'est lui. Le trou dans la tête de l'actrice Lana Clarkson, c'est lui aussi. Après avoir vécu à New-York et Los Angeles, le producteur réside actuellement, et ce jusqu'à sa mort, à la prison de Corcoran en compagnie notamment de Charles Manson.

 

Voilà résumée en quelques mots la vie de Phil Spector. Mick Brown, dans son ouvrage intitulé "Le Mur De Son" nous plonge dans la vie troublée et absolument unique de ce producteur de génie. Son premier traumatisme est le suicide de son père quand il avait 8 ans. Il pensera toute sa vie que c'était de sa faute et ne s'en remettra jamais véritablement. Ajoutons à ça une soeur timbrée qui finira sa vie en hopital psychiatrique et une mère toute puissante et quelque part légèrement timbrée également, on obtient une image assez nette de l'enfance du petit Spector telle qu'elle a du se dérouler. Pendant son adolescence, cependant, il se mit à gratter la guitare. Et plutôt pas mal. On vous passe les détails mais ceci aboutit à l'enregistrement de "To Know Him Is To Love Him" avec son groupe les Teddy Bears, titre qui termina numéro 1 du Billboard Hot 100 et fut vendu à plus d'un million d'exemplaires durant l'année 58. Notons que le titre de la chanson était directement inspiré de l'épitaphe figurant sur la tombe de son père : To know him was to love him.

 

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Ce succès lui ouvrit quelques portes, même si, généralement, il les enfonçait tout seul sans attendre qu'on lui dise d'entrer. Les succès allaient s'enchaîner jusqu'en 1966 avec ses différents groupes : Ronettes, Righteous Brothers, Crystals, Bob B. Soxx & the Blue Jeans, Paris Sisters. L'ambiance en studio était à la cool. On bossait jusque tard dans la nuit, mais Spector n'hésitait pas à rémunérer grassement ses musiciens donc personne ne se plaignait. Si les enregistrements duraient si longtemps, c'est surtout parce qu'il était ultra-perfectionniste, n'hésitant pas à refaire trente ou quarante fois une prise, jusqu'à ce qu'il entende ce qu'il cherchait depuis le début de la journée. En 1966, le mur de son (nom donné à ses techniques d'enregistrement où il utilisait plusieurs instruments superposés) était quelque peu dépassé par les productions en cours, notamment par les expérimentations studio des Beatles. Le non-succès commercial de l'album "River Deep, Mountain High" d'Ike et Tina Turner fut le coup de grâce pour Spector. Le monde musical avait évolué sans lui. Il se retira pendant quelques années dans sa villa californienne, profitant de son mariage avec la chanteuse des Ronettes.

 

Il sortit de sa retraite à la demande des Beatles (75% des Beatles pour être précis), pour produire "Let It Be". Puis il enchaina avec les albums solo de Lennon et Harrison, puis Leonard Cohen, Dion DiMucci, Ramones pour ne citer qu'eux, amenant régulièrement en studio ses camarades les plus fidèles : une bouteille et un pistolet.

 

La fin de l'histoire prit un tour dramatique le 3 février 2003, quand l'actrice Lana Clarkson fut trouvée morte dans son salon au petit matin. Lana faisait des piges de serveuse dans un bar branché de la Cité des Anges, histoire de payer son loyer en attente de propositions de films qui se faisaient de plus en plus rare. Spector, éméché, lui proposa de le raccompagner. Elle accepta à la troisième demande. Ce qu'ils firent entre ce moment et le coup de feu n'est connu que de Spector. Il a toujours clamé que c'est elle qui s'était introduit le flingue dans la bouche. Mais elle ne semblait pas suicidaire et Spector se trouvait à moins d'un mètre d'elle quand le coup est parti.

 

Il reste aujourd'hui de Spector des chansons éternelles, perles musicales redécouvertes à l'occasion de la lecture de ce livre, comme "(Today I met) The Boy I'm Gonna Marry" de Darlene Love ou les hits des Crystals.

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